Le Ouija | Les origines
Ooouuhhh une planche de Ouija. On en a tous vu dans les films d’épouvante, on a tous des anecdotes à son sujet et on flippe tous à l’idée d’y toucher. Un espèce de sentiment entre la peur et la curiosité. “Et si ça fonctionne on fait quoi?”. Mais au fait, d’où ça sort le Ouija ? Pourquoi cet outil de communication nous fait plus flipper qu’un pendule ou des baguettes de sourcier ? On vous explique.
D'OU CA SORT ?
Le Ouija nous vient tout droit des Etats-Unis. Nous sommes au 19ème siècle et la population développe une sorte de fanatisme pour la spiritualité et surtout pour la communication avec les morts. Boostée par les Soeurs Fox (on vous laisse lire leur histoire sur internet) et par la presse qui relaie des histoires incroyables de communication avec les défunts, la population se met à vouloir essayer, endeuillée par la guerre de sécession. De plus, la communication avec les morts était, à cette époque, complètement tolérée par l'Église catholique puisque si vous arriviez à vos fins, cela signifiait donc qu’il existait bien une vie après la mort.
Le spiritualisme gagne même la Maison Blanche en 1862. La femme de Lincoln fera appel à une médium pour communiquer avec son fils, décédé à l’âge de 11 ans.
DU PAPIER, UN STYLO ET UN VERRE
Sauf que voilà. Communiquer avec les morts ça prend du temps et ça coûte de l’argent. Il n’existait pas de méthode populaire et simple pour le faire. Il fallait donc faire appel à un(e) médium, citer toutes les lettres de l’alphabet, donner des mots, des codes pour un “oui” ou pour un “non” puis attendre des signes en fonction des mots, des questions ou des lettres énumérées (bruits, coups, lumière, vent…) pour en déduire des messages ou que le médium parle au nom du défunt.
En 1880, à Baltimore, un nouveau “jeu” fait son apparition : le “talking board” ou tableau parleur. L’origine du talking board est inconnue, son usage s’est notamment répandu via le bouche à oreilles. Le “talking board” est composé d’une simple feuille en papier avec les lettres de l’alphabet latin, les chiffres arabes de 0 à 9, “oui”, “non”, “au revoir” et d’un verre qui servait d’indicateur. Vous l’aurez donc compris : la communication avec les défunts se démocratise. Plus besoin de médium ni de moyens financiers adéquates. Du papier ou du carton, un stylo et un verre suffisent.
MONEY, MONEY, MONEY.
En voyant la fureur qui règne autour des talking boards, Charles Kennard de Baltimore décide de fonder la Kennard Novelty Company avec Elijah Bond et Col. Washington Bowie. Aucun d’eux n’est médium. Il s’agit simplement de 3 monsieurs qui identifient un business. Ils fabriquent donc une planche en bois, reprenant les infos des feuilles de papier, et y ajoutent, à la place du verre, la fameuse goutte, en bois. Encore faut-il lui trouver un nom. Pour ce faire, ils font tout de même appel à une médium : la belle soeur de Elijah Bond. Elle se sert alors de la planche et lui demande quel nom ils doivent lui donner. La planche répond “Ouija”. Et non, contrairement à la croyance populaire, Ouija ne provient pas de la contraction de “oui” en français et de “ja” en allemand.
Une autre histoire raconte que ce nom est en fait purement marketing. L’entreprise souhaitait lui créer des origines égyptiennes, l’Egypte étant lié au mystique dans l’imaginaire collectif. Et «Ouija» ça sonnait apparemment égyptien.
Bref, pas de version avérée mais c’est cette entreprise qui était donc détentrice du concept de la planche de Ouija telle qu’on la connaît à l’heure actuelle et ces trois messieurs avaient vu juste : les ventes de Ouija explosent.
On vous épargne tous les détails mais retenez simplement que c’est William Fuld qui marketera la planche à coup de pub dans les journaux, que Parker rachetera cette entreprise en 1966 et en déposera la marque puis sera finalement racheté par Hasbro en 1991. Oui Hasbro. Les Furbys tout ça.
ET PUIS Y'A EU L'EXORCISTE
La pratique du Ouija entre ainsi dans la culture populaire. On l’utilise en famille, entre amis. On l’aime pour son côté mystérieux, parce qu’elle fonctionne et les quelques cas supposés de meurtres, de possessions ou de messages un peu creepy reçus, liés à son utilisation, passent à la trappe.
Mais ça, c’était avant la sortie de l’Exorciste en 1973. Ce film est l’adaptation d’un roman écrit par un journaliste relatant l’histoire de Robbie, un enfant de 13 ans qui aurait été possédé par Satan en 1949. Comment ? La tante de Robbie était apparemment médium et possédait une planche de Ouija dont elle lui avait expliqué le fonctionnement. Lorsque celle-ci décède, Robbie cherche donc à la contacter via la planche de Ouija. Sauf que ce n’est pas sa tante qui répond à son appel… On vous passe les détails de l’histoire mais il sera finalement exorcisé par un prêtre, aidé de plusieurs confrères (3 semaines de travail apparemment) et n’aura aucun souvenir de ce qu’il s’est passé. L’exorciste est toujours à ce jour le 3ème film d’horreur le plus lucratif.
Massivement et surtout rapidement, c’est donc la peur qui a envahit les détenteurs de Ouija. L’Eglise a également retourné sa veste en déclarant que cette planche était l’outil de communication préféré de Satan. Le Ouija devient ainsi dangereux et tout son côté spirituel initial tombe aux oubliettes.
LA PRATIQUE
Bon. La vraie question c’est est-ce que ça marche ?
On aura beau vous répondre "bah évidemment", il faut le faire pour le croire. Comme à peu près tout ce qui est lié au paranormal et au surnaturel, le Ouija est considéré comme une pseudo science. Des scientifiques se sont évidemment penchés sur cette histoire de goutte qui bouge grâce aux défunts et à l’énergie mise en place par les participants. D’après ces derniers, l'action sur la planche peut être expliquée par des mouvements inconscients des personnes contrôlant la goutte. Ce phénomène s'appelle l'effet idéomoteur. La conclusion de leur étude est la suivante "des personnes honnêtes et intelligentes peuvent réaliser inconsciemment des mouvements musculaires qui sont conformes à leurs espérances". On peut même influencer ces "choix" au travers de différentes techniques. On vous renvoie vers internet pour en savoir plus. L’idée est la même pour la pratique du pendule. En somme, ce serait donc notre inconscient qui «parle», un inconscient collectif pour le coup. Pourquoi pas. Ca reste un exercice intéressant.
Sauf que voilà. Des histoires, des vidéos… Il y en a des tas. Au-delà d’un simple mouvement sur la planche, des communications se font, des messages circulent, des questions trouvent des réponses et des personnes expérimentées continueraient à utiliser un outil qui ne fonctionne pas ?
Mais est-ce que c’est vraiment dangereux ?
ALORS ! Comme tout outil de communication spirit que l’on peut utiliser, le Ouija présente évidemment des dangers. Dès lors que l’on fait entrer un potentiel inconnu dans un procédé spirituel, on s’expose à un danger. Que ce soit avec une planche de Ouija, des baguettes de sourcier, un pendule, une table tournante, ou même lors d’un rituel. C’est pourquoi non seulement il faut se protéger mais surtout il faut pratiquer avec respect et suivre des règles et des étapes précises. On a quelques cas autour de nous de séances qui ont mal tournées. Chacune trouve son explication : un verre qui tombe de la planche et se casse (= l’énergie s’échappe donc de la planche), un “au revoir” oublié (=la séance n’a donc pas de fin actée), une séance arrosée (=le respect est mort), une invocation dirigée vers une entité mauvaise exprès (=ah bah vous avez voulu jouer…).
Si des règles existent c’est que la pratique a perduré et des personnes assidues les ont posées. Elles se sont ensuite transmises principalement via le bouche à oreilles pour que la pratique perdure, de la bonne manière. On ne vous incite pas à faire du Ouija. Simplement, avoir toutes les cartes en mains, si vous souhaitez vous y mettre, nous parait important.
FAQ
Quoi ? C’est déjà la fin ? Mais on s’en sert comment ?
Rendez-vous sur l'autre post !
Rien qu’à lire la partie théorique j’ai pas du tout envie d’essayer.
Et c’est complètement OK. Pratiquer le Ouija dans la peur ne sert à rien. Ça pourrait même vous desservir. On expliquera ça dans l’autre post.
Attendez mais le pendule c’est dangereux ?
Pas de panique. Ça dépend du contexte. Lorsque vous l’utilisez, vous, pour répondre à vos questions (et donc faire travailler votre inconscient), retrouver un objet etc… On est dans le monde matériel, vous êtes seul avec le pendule, c’est votre énergie qui fait le travail. Par contre, le pendule peut également s’utiliser comme le Ouija, c’est-à-dire pour communiquer avec des entités. Ce n’est pas le pendule qui va attirer l’entité, c’est vous, via la pratique du pendule dans ce contexte. Même chose avec des baguettes de sourcier, une table tournante etc.
Est-ce qu’il existe des ouvrages sérieux sur le spiritisme?
Tournez-vous vers Allan Kardec (1804-1869) ! Léon Rivail, de son vrai nom, était un pédagogue renommé (le métier pas l’adjectif) et fut appelé par plusieurs médiums pour assister à des séances de spiritisme, prendre des notes et mettre en place une méthode quasi scientifique. Conquis, complètement fanatique, il poursuivra ces expérimentations de nombreuses années, toujours accompagné de médiums. Il est l’auteur de 5 livres fondateurs du spiritisme, toujours réédités aujourd’hui, dont Le Livre des Esprits et Le Livre des Médiums.